Perfectionnement avec Yannick Rivière
La pêche à la mouche va prendre une autre dimension...
Voilà sept mois que je patiente depuis que j'ai coché la date du 20 Juin 2017 sur mon calendrier. Des mois d'impatience a imaginer la journée qui m'attendait. C'est enfin le jour J, ma journée de perfectionnement avec Yannick Rivière va pouvoir enfin commencer. Je connais déjà l'homme et le guide bien sûr, pour avoir eu la chance de participer à une journée d'apprentissage de pêche au Loup (Bar) aux leurres de surfaces il y a déjà 5 ans. Mais là nous parlons de pêche à la mouche, le Graal pour moi. Mon frère, Lolo, m'accompagne aussi pour cette journée, lui qui a déjà connu une journée de perfectionnement Mouche avec Yannick il y a 6 ans. Ses récits de sa journée, le palmarès de Yannick et tout ce que j'ai pu lire sur les réseaux sociaux ont largement contribué à cette impatience grandissante.
Rendez-vous est donné pour 08h30 à Campagne-sur-Aude. Le réveil est réglé à 04h00, comme d'habitude lorsqu'il est question d'aller à la pêche, il n'aura pas le temps de sonner. Un café vite avalé, une toilette sommaire et me voilà au volant, direction Coursan, afin de rejoindre Lolo. 06H40, j'arrive chez Lolo qui finit de préparer ses affaires. Une dernière vérification du matériel, des bisous à la famille et nous prenons la route. Les sujets de discussions ne manquent pas, c'est pourquoi le trajet me semble plus court que d'habitude. 08H20, nous voici arrivés à Campagne-sur-Aude. Nous sommes garés juste devant l'auberge San Sebastian sur la place du village, lieu du rendez-vous. A peine sortis de la voiture, alors que nous effectuons quelques étirements bienvenue, nous apercevons le fourgon de Yannick se garer à quelques mètres de nous. Il est accompagnés de Toto, un jeune en stage à ses côtés. On ne peut commencer la journée sans un petit noir prit à la terrasse de l'auberge. C'est l'occasion de remplir la carte de pêche du parcours no-kill. C'est sur celui-ci que s'effectuera la journée de perfectionnement. 09H00, cette fois-ci nous voilà dans le vif du sujet. Installés à une table en bois au bord de la rivière, Yannick nous demande d'amener avec nous gilet et moulinet. Là pendant une heure et demi environ, nous allons passer en revue chaque étape de la conception d'une ligne, du backing jusqu'à la mouche. Ce qui comprends : - les soies, puissance, taille et forme. - les talons et les bas de ligne pour les différents montages, dimensions et nœuds, avec à chaque fois les explications techniques et parfois scientifiques qui les accompagnent. Ceux sont les bases de cette pêche, je me suis aperçu ce jour là que je bâclais trop souvent ces étapes essentielles à la qualité de la pêche. Nous avons ensuite bien entendu parlé des mouches, où là aussi j'ai appris beaucoup de choses mais je ne rentrerai pas dans les détails par respect pour son travail. Ce que je peux vous dire c'est que ces deux petites heures furent une mine d'informations et que je recommande à tous les pêcheurs de les connaître. Une fois tout ceci expliqué et les cannes montées avec une ligne faite de A à Z par Yannick, nous voici les pieds dans l'eau afin qu'il puisse nous observer fouetter et ainsi corriger nos erreurs. Autodidactes Lolo et moi, nous avons évidemment acquis des défauts que notre guide s’empresse de corriger. « Vous êtes pas frère pour rien tous les deux ! » s'exclame Yannick qui nous filme du bord avec son téléphone. En effet avec Toto ils sont sidérés et amusés par le rythme et le geste totalement identiques que nous effectuons...des métronomes. Après une heure de mise en pratique des conseils, il est temps d'aller se restaurer. C'est au Patio, à l'arrière de l'auberge San Sebastian, que nous nous attablons. Yannick, Toto et moi commandons trois bonnes pizzas, Lolo lui se délectera d'une salade composée gourmande. Nous accompagnerons ces plats d'une bonne bière fraîche. Desserts et cafés viendront clôturer le repas. La bonne humeur et les rigolades qui accompagnent cette journée sont loin d'être terminées. Nous attaquons cette deuxième partie de journée par de la pêche en nymphe au fil. Yannick nous amène à bord de son fourgon quelques centaines de mètres plus en aval pour débuter cette après-midi consacrée à la pratique. C'est là dans ce large courant que nous effectuons nos premières dérives en nymphe. Lolo débute, grâce aux conseils et aux démonstrations de Yannick il acquière rapidement une technique qui lui permet de toucher ses premiers poissons. C'est à mon tour ensuite de peigner le courant suivant sous l’œil du maître. Là encore pas mal de chose à corriger. Maintenant que nous savons ce qu'il faut faire, Yannick nous installe tous les deux sur la rivière à quelques mètres l'un de l'autre. Il diffuse ses observations et conseils à tour de rôle pendant que nous essayons tant bien que mal de les mettre en pratique. Soudain je vois Yannick sortir un tube de graisse rouge de sa poche et je lui dis « tiens j'achète la même moi aussi ! » sur quoi il me réponds du tac au tac « ça m'étonnerai car je la prends à un collègue artisan qui me la fabrique exprès en y ajoutant du miel ! ».... « du miel ?? » répondis-je sur un ton étonné. « oui tiens sent... » « splafff ! » voilà, arriva ce qui devait arriver, je me retrouve avec le nez rouge comme celui d'un clown pendant que l'auteur des faits et son acolyte Toto se gondolent de rire. Lolo n'est pas en reste lui non plus. Je me suis fait avoir comme un bleu ! Allez savoir si cela a joué pour la suite des événements, mais voilà Lolo qui nous enchaîne deux superbes prises, des ombres d'une taille comprise entre trente et trente trois centimètres, à cinq minutes d'intervalles. Pendant ce temps là, moi, je ne pique qu'un petit ombré, suicidaire sûrement. Après m'avoir posté sur un courant prometteur et être allé voir Lolo quelques minutes, Yannick revient vers moi et me dit « Tu n'as rien touché ici ? » tout penaud je suis bien obligé de lui répondre « qu'à part le fond... ». Me prenant la canne des mains il me dit « Ce n'est pas possible qu'il n'y en ai pas dans cette veine ! » Seul ceux qui le connaissent croirons à ce qui va suivre. Alors que je venais de pêcher cette veine pendant une petite dizaine de minutes sans aucun résultat, lui fait deux ombres et une truite en cinq passages... Là vous vous dîtes, après avoir essuyé la bave à la commissure de vos lèvres, « Merde quel pêcheur ce Yannick !!! » Arrivant sur un plat, nous passons en sèche après avoir aperçu un timide gobage. Cette-fois ci c'est moi qui pique ce poisson avec un petit cul-de-canard olive. Les poissons ne sont pas en activité en surface, aucune éclosion n'est d'ailleurs observée. Malheureusement la journée de perfectionnement touche à sa fin. Nous nous arrêtons un moment pour discuter, Yannick voulant connaître notre ressentit de la journée. Que du bonheur bien sûr, une superbe journée dans une ambiance ultra amicale et des tonnes d'enseignements reçus. A ce moment là il me revint une phrase que m'avait dite mon inspecteur du permis de conduire lorsque j'avais réussi l'examen. « Vous ne savez pas encore conduire monsieur, mais maintenant vous savez comment apprendre seul, à bien conduire.. » Cette phrase prends tout sons sens ici, si on la transpose à l'apprentissage de la pêche à la mouche. Mais la journée ne pouvait s'achever ainsi... Alors que nous allions regagner la rive pour rentrer, Yannick veut essayer un gros courant en nymphe. Je lui prête ma canne et il commence à peigner consciencieusement chaque veine. Sur ce, je vois le sourire se dessiner sur les lèvres de Toto. Il se baisse, ramasse une pierre de deux kilos au moins et la propulse un mètre devant Yannick en plein dans le courant. Lorsque celle-ci perfore la surface en créant un bouillon phénoménal il lui lance un « Oh putain tu l'a vu celle-là ?! Ahou ! La grosse !! » La journée pouvait maintenant toucher à sa fin dans cette franche rigolade. Nous regagnons les voitures, tout le monde se désape et après un au revoir chaleureux, chacun regagne ses terres. Cette journée a été riche d'enseignements, elle aura été plus intéressante et passionnante encore que je ne l'avais espéré. Après cette formation, je ne pêcherai plus jamais comme avant. En un jour, j'ai gagné plusieurs années d'apprentissage seul au bord de l'eau. « Bon sang quelle journée !! »....Merci Yannick.
Fin
