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        Récits de pêche

Les Pêche​s de Bruno

 Un jour, un  poisson...  

Ouverture 2016

Le temps des copains...

         Voilà... ! Après cinq mois d'attente, l'ouverture de la première catégorie est enfin d'actualité ! Les dernières semaines ont été, comme chaque année, les plus longues. On a beau occuper le temps à refaire ses bas de lignes, classer et reclasser ses mouches, lire d'innombrables articles sur les différents magazines, l'attente est toujours aussi douloureuse. Mais en ce matin du 16 Mars, quatre jours après l'ouverture officielle, la patience vient de l'emporter sur l'impatience et accompagné de mes deux fidèles compagnons de pêche nous allons pouvoir redécouvrir cette fabuleuse rivière qui hante nos hivers .

 

 

        05H15, mon réveil vibre une nouvelle fois, comme les quatre jours précédents sauf qu'aujourd'hui je n'arpenterai aucun quai de gare pendant des heures mais les berges de la Vis ! Il faut que je m'active car les minutes défilent et je sais que Tit qui m'a donné rendez-vous à 05h50 ne sera pas en retard. Ponctuel comme à son habitude, nous chargeons sa voiture à l'heure précise, mais mon équipement très léger prends un peu plus de temps que prévu a rentrer. Nous sommes en direction du village de Chris, quand celui-ci nous envoi un sms disant « Les temps changent, on part à 06h et en plus vous êtes en retard. ». Il est vrai que Tit a plus pour habitude de nous faire attendre l'heure légale de pêche sur la berge, plutôt que de partir de la maison à l'heure à laquelle il enfile d'habitude ses cuissardes. Le ton de la journée est donné...

       

        06H05, nous voici chez Chris. Transbordement de matériel une fois de plus, c'est avec sa voiture que nous ferons la route. Après une heure de route à discuter de choses et d'autres, nous arrivons au pont de Madières sur lequel un panneau fièrement dressé mentionne « route barrée ». Je me souviens avoir déjà vu ce panneau l'année dernière, en Septembre, lorsque j'étais monté faire la fermeture dans le cirque de Navacelles. Il m'avait d'ailleurs fallu prendre l'autre route qui contourne le cirque par la direction du Vigan. En effet les 13 et 14 Septembre 2015 la région avait connu des pluies torrentielles qui avaient commis des dégâts très importants. Jamais nous n'aurions pu penser que ce panneau était là six mois plus tard pour les même raisons et pourtant après l'avoir contourné pour passer nous nous retrouvâmes devant un spectacle de désolation. La montagne s'est effondrée à plusieurs endroits, déversant des tonnes de gravats et de rochers sur la route mais aussi jusque dans le lit de la rivière. Le travail des bulldozers nous permet de passer entre les accumulations de gravats poussés tant bien que mal sur les bords de la chaussée.

       

        07H15, nous faisons une halte au point de départ de notre journée de pêche, le temps de descendre tout le matériel de la voiture. Une fois ceci réalisé Chris reprend le volant pour garer la voiture en haut du sentier par lequel nous remonterons ce soir de ces gorges de la Vis. Chris nous rejoint en footing, même pas essoufflé, alors que Tit et moi finissons de nous équiper. Le sentier pour descendre à la rivière a lui aussi subit les fortes pluies et nous avons bien du mal à le retrouver.

       

        07H30, enfin tant bien que mal nous voici au bord de la rivière. Le parfum si spécifique de ces gorges nous enivre de nouveau et lance une bonne fois pour toute cette nouvelle saison de pêche. Tit et surtout Chris qui pêchent à la cuiller, ont déjà commencé les hostilités alors que calmement je monte encore mon fouet. Je voudrais me concentrer pour cette saison, uniquement à la pêche à la mouche, que ce soit en sèche, en noyée ou en nymphe. Seulement voilà, si la technique de la sèche est bien maîtrisée depuis des années que je l'exerce, la nymphe au fil (N.A.F) est pour moi une nouveauté. J'ai bien fait trois ou quatre sorties cette hiver pour m’entraîner, mais cela ne permet pas de dire que je la maîtrise loin de là. C'est pourquoi je sais aujourd'hui, avant même de commencer, que je n'aurai que très peu de postes qui conviendront a cette technique et surtout à mon faible niveau. Mais ceci n'est pas un problème, tant ces rares sorties à trois nous procurent joie de se retrouver et de passer un super bon moment au bord de l'eau.

        Dès les premiers lancers, juste au dessus du pont submersible, sur un grand plat une petite Fario vient montrer le bout de son nez en suivant bien tranquillement la cuiller à Chris. Je me rends compte rapidement que pour certains l'hiver a été plus long que pour d'autre, lorsque quelques mètres plus loin Chris aperçoit une truitelle d' à peu près vingt deux centimètres et la compare presque au monstre de la Vis ! Les cartes postales que nous offre le cadre qui nous entoure se succèdent avec une frénésie qui n'a d'égale que le morne spectacle d'une rivière dépeuplée. Nous savons très bien que les truites sont toujours là et en nombre, cachées quelque part dans ces innombrables caches dont regorge la rivière, malheureusement aujourd'hui elles ne semblent pas être de sortie.

        Une heure....deux heures...., les heures passent et toujours aucune attaque. J'ai trouvé entre temps deux jolis courants, que m'ont gracieusement laissé mes deux compères, pour pouvoir enfin mettre mes nymphes à l'eau. Si le premier me fît prendre rapidement conscience des lacunes qui me restaient encore à gommer, le second par contre, me rendit un peu de confiance même si aucun poisson ne vint prendre mes pheasant tail en bouche.

       

        11H00, nos estomacs respectifs commence à crier famine, nous prospectons plus rapidement les postes à la recherche surtout de celui qui nous permettra de pouvoir sortir les casse-croûte ! Rien n'y fait, il est bientôt midi et si les truites sont toujours aussi discrètes l'endroit idéal pour manger se dessine à nos yeux. « CHTOUK !! », non ce n'est pas un gobage magistral, juste le doux son d'un Merlot qui respire ! Il faut bien se remonter le moral comme on peut... De franches rigolades accompagnent sandwichs et salades, surtout lorsque nous apercevons les chaussons verts de Chris qu'il glisse discrètement dans ses cuissardes. On peut le dire à la pointe de la mode ce Cévenol !

       

        12H30, il est temps de continuer la pêche car le temps se gâte, on peut apercevoir la crête des montagnes se parer d'un manteau sombre et inquiétant. A peine cinq minutes après avoir repris la pêche et voilà Tit qui nous refait une énième fois la feinte du ferrage dans le vide, feinte qui marche d'ailleurs à tous les coups sur Chris c'est pourquoi il prend toujours autant de plaisir à la placer dès qu'il peut... Oui mais cette fois la canne se plie vraiment et les tremblements dans la voix de Tit qui nous dit « CA Y EST !!! » ne trompent pas, le premier poisson de la journée est enfin là ! Nous admirons cette belle Fario de vingt-quatre centimètres comme un vrai trésor. Je pense que le Merlot n'est pas pour rien dans cette prise tant le moral de Tit était regonflé à bloc après ce repas. La prise de ce poisson ne fait que décupler celui-ci tant est si bien qu'il trouve que la petite pluie fine et glaciale qui nous tombe dessus maintenant est bon signe et que les truites vont sortir de partout !

       

        13H30, malheureusement on ne lit pas dans un gobelet de rouge comme dans une boule de cristal et ce n'est pas la truitelle qui est venue taper dans la cuiller de Chris, qui change la donne. Nous sommes déjà parvenus au pied du sentier que nous avions prévu d'emprunter pour remonter mais comme il nous reste encore une bonne heure de pêche sur notre horaire nous décidons de pousser un peu plus loin jusqu'au prochain sentier.

       

        14H30, rien de plus sur ce parcours si ce n'est la contemplation d'une nature sauvage et d'une rivière toujours aussi fabuleusement belle. Tit, qui a toujours le mot pour rire, me prévient que ce sentier « sèche un truc de malade ! » et rajoute « arrivé en haut tu as les poumons en feu ! ».... Il n'y a pas à dire il sait trouver les mots pour m'encourager ! Pendant que Chris ôte ses cuissardes et enfile une paire de baskets, je me faufile subrepticement devant eux afin d'être le premier a monter. Je sais qu'ainsi je vais pouvoir freiner les deux locomotives qui ne pourront faire mieux, largeur du sentier oblige, que de suivre mon rythme ! Tactique qui fonctionne admirablement bien, puisque me voici arrivé en haut, je ne dirais pas frais comme un gardon ! mais quand même avec encore pas mal de jus sous le pied. Je m'en félicite intérieurement, et leur emboîte le pas comme si de rien n'était pour finir le chemin qui nous ramène à la voiture.

       

       

        15H05, il est temps de poser tout notre équipement dans le coffre et nos fessiers sur les sièges. C'est un parcours difficile physiquement, ce qui limite le nombre de pêcheur. Le cadre est fabuleux, la rivière est idéale pour le pêcheur au vairon ou au leurre souple, intéressante pour la cuiller mais très peu adaptée pour la mouche. La sèche pourrait tout à fait tirer son épingle du jeu, mais les poissons sur cette portion aval de Navacelles ne gobent que très très rarement. Ce fût une journée bien agréable entre potes et rendez-vous est pris pour Avril ou Mai afin de refaire ce parcours sous de meilleurs cieux.

 

 

                                                                                                                                 Fin             

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